J'ai testé le JIM, et j'ai plein de choses à en dire

J'ai testé le JIM, et j'ai plein de choses à en dire

En France, j'improvise depuis deux ans, et j'adore ça. Pour découvrir davantage ma passion, je suis venue deux mois et demi à Montréal, avec pour objectif de faire un maximum d'improvisation. C'est là qu'on m'a parlé du concept du JIM, un nouveau lieu des Productions de l'Instable qui cherchait des volontaires pour deux semaines de test, avant d'ouvrir véritablement. Alors bien sûr, j'ai répondu présente.  

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Si vous ne savez pas ce qu'est le JIM, c'est par ici.

En une semaine (du lundi 5 au lundi 12 décembre), j'ai participé à huit séances. Pour moi, c'était un contexte particulier, puisque c'était ma toute dernière semaine sur le sol québécois, avant mon retour en France le soir-même du lundi 12. Au JIM, j'ai découvert une manière d'improviser que je ne connaissais pas.

Les séances du JIM sont vouées à évoluer par nature, l'expérience que je raconte est sans-doute différente de ce que tu y découvriras.
La toute 1ère séance du JIM le matin du 5 décembre 2022 ! Avec de gauche à droite Émilie Sigouin, Dominique Hamel, Léna Girard (moi-même), Fred Tauch et Frédéric Barbusci.

Sentir plutôt que réfléchir

D'ordinaire, je suis du genre à beaucoup analyser le jeu. Pour autant, quand on parle au lieu de jouer, je suis vite frustrée. Les séances du JIM m'ont ravie : dans la quasi-totalité, on ne faisait pas de retour après avoir joué une scène. On a appris par l'instinct, par le jeu, comme un enfant apprend à marcher. Au fond, on sent ce qui marche mal dans un impro, il n'y a pas forcément besoin d'en parler. Outre la satisfaction de jouer davantage, le fait de ne pas débriefer entre les scènes a eu un autre impact positif sur moi : cela m'a totalement libérée de la pression de bien jouer. C'était comme si le résultat n'avait plus d'importance, je me concentrais sur mes envies et mes instincts de joueuse. Je n'avais jamais ressenti de telle liberté en jeu.

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Au JIM, j'ai appris de manière instinctive, comme un enfant apprend à marcher. Je n'avais jamais ressenti de telle liberté de jeu.

Jouer en 360° et en trois dimensions

Au JIM, pas de public, et la plupart du temps, pas de chaises pour les participant-e-s ! Lorsqu'on ne joue pas, on est bien souvent assis sur un des modules de la salle, dont la disposition est régulièrement revue. Je me sentais autorisée à jouer en étant tournée dans n'importe quelle direction, et par la même occasion totalement libérée de l'impression d'avoir un public. Mon attention était à 100% portée sur mes partenaires de jeu, je ne ressentais plus le quatrième mur. D'ailleurs, ce n'était pas qu'une impression, dans beaucoup d'improvisations, les joueurs et joueuses extérieur-e-s à la scène intégraient le jeu musicalement ou corporellement. La frontière entre spectateurs est fondue.

Des modules de jeu en bois souvent réorganisés

Chaque séance, des nouvelles personnes

Jouer avec des personnes qu'on ne connaît pas peut être difficile. Pour ma part, j'ai vraiment besoin de me sentir en confiance avec les gens avec qui je joue. J'ai besoin de sentir qu'ils aiment jouer avec moi, presque de me sentir appréciée en tant que personne. Sans ces conditions essentielles j'ai du mal à me lâcher. Improviser devient alors davantage un défi à relever qu'un joyeux jeu.

J'avais pas mal d'appréhension en me rendant au JIM pour la première fois : j'avais beaucoup entendu parler de Frédéric Barbusci depuis mes deux mois au Québec, et j'étais impressionnée à l'idée de le côtoyer lui et son équipe. J'ai été vite rassurée par l'humanité et la bienveillance dont ils ont fait preuve, comme l'immense majorité des personnes avec qui j'ai joué au JIM. Improviser avec certaines va réellement me manquer à mon retour en France, alors que je ne les ai côtoyées qu'une semaine, voire qu'une séance pour certaines.

Photo de fin de séance

La découverte de l'ambiance musicale

Quelque chose qui m'a frappée dans mon expérience au JIM, c'est l'inclusion spontanée d'ambiances musicales dans les impro, créées par tous les joueurs spectateurs. C'est quelque chose que j'ai toujours aspiré à faire sans vraiment oser, et la présence récurrente de Dominique Hamel (musicien & chanteur en plus d'improvisateur) m'a vraiment aidée à me libérer. Il y a des instruments en libre service, mais on peut aussi juste utiliser sa voix ou se servir des modules en bois comme caisses de résonnance.

Fred Tauch devant le stand d'instruments en libre service.

Se préparer à la scène non, améliorer son jeu oui

Beaucoup des scènes que j'ai jouées et vues jouées au JIM n'auraient peut-être pas été adaptées au spectacle. Les séances n'ont pas pour but de préparer à la scène. Dans beaucoup de scènes, le qui / quoi / où n'était pas entièrement défini. Et honnêtement, tant mieux, parce que devoir respecter des règles est antagoniste à l'exploration. J'ai trouvé le fait de flirter avec les règles de l'impro grisant. Je sens que j'ai énormément appris en une semaine, parce que j'ai osé beaucoup de choses que je n'avais jamais faites.

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J'ai trouvé le fait de flirter avec les règles de l'impro grisant. J'ai fait beaucoup de choses que je n'avais jamais osé faire avant.

Un exemple de moment marquant

Une séance où l'on a joué une unique impro, pendant plus de quarante minute, sans "sortir de scène". Quarante minutes ensemble en jeu. Ce n'était pas du tout prévu, c'est un échauffement qui s'est transformé en impro. On était quatre, Fred que je croisais souvent, Vinny avec qui j'avais déjà joué une fois (le meneur de cette séance) et Alexandre (qui venait au JIM pour la première fois).

On démarre l'échauffement en marchant dans l'espace. Petit à petit, des mouvements répétés se mettent en place (se lever, siffler, se taire, être aux aguets), des relations naissent. Une impro démarre, des sujets émergent : la solitude, l'amitié, la confiance, la trahison... Notre histoire devient très poétique, il y a de multiples rebondissements. C'est improbable, pendant quarante minutes, nous restons en jeu, en tension, on ne fait pas de sortie de scène, on ne communique pas entre joueurs (seulement nos personnages se parlent). Tout cela alors qu'il n'était pas du tout prévu de faire une impro longue. Il y a plein de moments où l'on aurait pu arrêter, recommencer autre chose. Mais personne ne l'a fait, personne n'est sorti de son personnage, nous étions tous connectés les uns aux autres, on se suivait, curieux chacun de voir jusqu'où l'on pourrait aller avec cette impro. C'était une expérience riche et inattendue. L'une de mes meilleures expériences d'improvisation.

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C'est improbable : pendant quarante minutes, sans nous consulter, nous restons en jeu sans nous arrêter, tout cela alors qu'il n'était pas du tout prévu de faire une impro longue.

Conclusion

Le JIM est pour toi si :

  • tu voudrais explorer de nouvelles choses en jeu
  • tu as envie de rencontrer et de jouer avec d'autres improvisateurs et improvisatrices que tes partenaires de jeu habituels
  • tu as un emploi du temps qui change chaque semaine
  • tu joues avec bienveillance
  • tu te laisses porter par l'imprévu

Le JIM n’est pas pour toi si :

  • tu préfères évoluer avec un même groupe de joueurs & joueuses
  • tu préfères avoir un ou une professeur-e ou coach qui te guide et définit des règles de jeu claires (sauf les cours du lundi soir, qui sont là exprès pour ca !)
  • tu veux faire et avoir des retours après chaque scène jouée

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