Les 6 principes clés de l'improvisation théâtrale selon Keith Johnstone

Keith Johnstone (né en 1933) est un pionnier de l'improvisation théâtrale qui a eu une influence significative : accepter les offres, libérer sa créativité, surmonter ses blocages, jouer avec les statuts, structurer le spectacle, ne pas éviter le conflit. Un must pour tout improvisateur !

Les 6 principes clés de l'improvisation théâtrale selon Keith Johnstone
L'improvisation prend parfois un air surréaliste quand on suit sa créativité.

Keith Johnstone (né en 1933) est un théoricien et praticien de l'improvisation théâtrale, dont les idées ont eu une influence significative : accepter les offres, libérer sa créativité, surmonter ses blocages, jouer avec les statuts, structurer le spectacle, ne pas éviter le conflit. Ses idées ont révolutionné la pratique de l'impro dans les années 50. Un must pour tout improvisateur !

1. Accepter et construire

Le premier principe est d'accepter les propositions de son partenaire, ce que Johnstone résume par le fameux "Yes, and..." (Oui, et...). Quand votre partenaire lance une idée, au lieu de la bloquer car elle ne correspond pas à ce que vous aviez en tête, dites oui et enrichissez-la. Ajoutez des détails, faites avancer l'histoire. C'est comme ça qu'on construit une scène de façon collaborative et harmonieuse.

J'aime donner l'exemple de deux personnes qui construisent un château de sable. Si l'un dit "Je fais une tour ici" et que l'autre répond "Non, on avait dit qu'on faisait un pont là", le château n'avancera pas. Par contre, si le deuxième dit "Super idée cette tour, je vais faire un fossé autour pour la protéger", là on est dans une dynamique créative !

Deux actions qui se rejoignent
Deux personnes commencent une action sur scène sans se consulter. Ensemble, elles doivent faire en sorte que leurs deux univers de départ se rejoignent pour former une scène qui a du sens. Objectifs * Donner de l’importance au jeu physique. * Montrer qu’on peut toujours démarrer par une action. * Montrer qu’on peut

2. Libérer sa créativité

On a tous une créativité débordante en nous, mais on a tendance à l'autocensurer, surtout quand on débute l'impro. On se dit "oh non, cette idée est trop bizarre" ou "ça ne va pas plaire au public". Johnstone nous encourage à nous libérer de ces jugements et à suivre nos instincts, aussi fous soient-ils. C'est là qu'on crée des choses uniques et mémorables.

Dans mes ateliers, je fais souvent un échauffement où les joueurs doivent faire des propositions totalement absurdes et surréalistes. Au début ils sont un peu timides, mais très vite ça part dans tous les sens et c'est jubilatoire ! On se rend compte qu'on est capable d'imaginer des trucs extraordinaires quand on lâche prise.

Développer la Créativité - Exercices d’Improvisation Théâtrale
Liste d’échauffements, d’exercices et de thèmes d’improvisation théâtrale visant à développer la créativité des joueurs. Entraîner la créativité permet de sortir des schémas de jeu habituels : personnages, relations, réactions, lieux et actions habituelles des joueurs.

3. Surmonter ses blocages

Malgré tout, il arrive qu'on se retrouve bloqué sur scène, paralysé par la peur de se planter. C'est normal, ça arrive même aux meilleurs. Johnstone a développé plein d'exercices pour nous aider à dépasser ces blocages.

Un de mes préférés, c'est le "Fast Food Stanislavski" (le Stanislavski du fast-food). Quand on sent qu'on bloque sur une émotion, on s'imagine une situation de la vie quotidienne qui nous mettrait dans cet état. Par exemple, si mon personnage doit être en colère mais que je n'y arrive pas, je peux m'imaginer en train de hurler sur un serveur qui a renversé son café sur moi. Et hop, je retrouve l'émotion et je débloque la scène !

4. Jouer avec les statuts

Un aspect fascinant du travail de Johnstone, c'est son analyse des statuts dans les relations entre personnages. A chaque instant, qui est en position haute et qui est en position basse ? Qui domine, qui est soumis ? En jouant sur ces dynamiques de pouvoir, on peut influencer le cours d'une scène de façon subtile et créer des retournements de situation.

Par exemple, imaginez un roi et son serviteur. On pourrait penser que le roi est en position de force. Mais si à un moment le serviteur ose contredire le roi, remettre en cause ses décisions, voire se moquer de lui, alors la dynamique s'inverse. C'est le jeu sur les statuts qui rend la scène intéressante. Et ce ne serait pas le premier valet à faire ça... ;)

5. Structurer le spectacle

Johnstone a beaucoup contribué à populariser des formats d'impro bien structurés, avec des règles et des contraintes, comme les matchs d'impro façon "Theatresports" ou les éliminations façon "Micetro". Loin de brider la créativité, ce cadre permet aux improvisateurs de se dépasser et au public de suivre le spectacle plus facilement.

J'ai participé à de nombreux matchs d'impro et c'est toujours une expérience grisante. Le fait d'avoir un thème imposé, un temps limité, des catégories à respecter, ça booste l'imagination. Et l'esprit de compétition pousse à se donner à fond. C'est bon pour les improvisateurs et pour le spectacle !

6. Ne pas éviter le conflit

Enfin, Johnstone met en garde contre la tendance qu'ont les improvisateurs à vouloir éviter le conflit sur scène, à être gentils et lisses. C'est ce qu'il appelle le syndrome du "wimp" (mauviette). Mais une scène où tout le monde est d'accord, c'est souvent ennuyeux.

Il ne faut pas avoir peur d'amener de la contradiction, de l'opposition, voire de la confrontation (dans le respect de l'autre bien sûr). C'est comme ça qu'on crée des enjeux, des retournements, du drama et de la comédie. Deux personnages qui se disputent, c'est souvent bien plus captivant que deux personnages qui prennent le thé !

Chez les francophones, de manière étonnante, j'ai plutôt pu constater l'inverse : les joueurs et joueuses vont directement aux problèmes (sans doute aimons-nous la confrontation). Attention : pour qu'une dispute soit vécue comme importante par le public, il faut d'abord qu'il ait pu voir que les personnages s'entendaient bien auparavant. Il est donc important de commencer par montrer l'entente et l'osmose que des personnages peuvent avoir entre eux.

Conclusion

Voilà, vous connaissez maintenant les 6 piliers de l'impro selon Keith Johnstone. Bien sûr, il y aurait encore beaucoup à dire sur chacun d'eux. Mais je pense que ce sont déjà de supers bases pour progresser dans votre pratique de l'improvisation théâtrale.

Le plus important, c'est d'expérimenter, d'oser, de se faire confiance. Comme dit Johnstone : "Ne réfléchissez pas, foncez !" Alors on respire un grand coup, on lâche prise et on se lance sur scène.