6 grands principes pour être bon en improvisation

6 grands principes pour être bon en improvisation
Trouver son chemin en improvisation.

L'univers de l'improvisation théâtrale offre une ambiance unique pour libérer la créativité, développer des compétences en communication et vivre des expériences mémorables sur scène. Que vous soyez un débutant curieux ou un improvisateur chevronné, ce guide pratique vous présentera les principes essentiels pour démarrer votre voyage dans le monde de l'improvisation théâtrale ou vous aider à perfectionner vos compétences.

Les Fondamentaux de l'Improvisation

Ce sont ces principes qui créent un terrain fertile pour la spontanéité, la créativité et la collaboration. S'entraîner à les respecter est essentiel, que vous soyez débutant ou que vous pratiquiez depuis longtemps. Car l'improvisation, c'est comme un sport, dès que l'on relâche sa pratique on perd en performance. Il faut sans cesse se "muscler le jeu" comme dirait Frédéric Barbusci du JIM.

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L'improvisation ne s'improvise pas. Créer de bonnes improvisations demande un programme d'entraînement costaud et réfléchi.

1- Le principe du "Oui, et..."

L'un des piliers de l'improvisation est le principe du "oui, et...". Cela signifie accepter ce qui a été proposé sur scène par un partenaire (le "oui") et ajouter quelque chose de nouveau pour construire l'histoire (le "et"). Ce principe crée un environnement où l'idée de base est valorisée et enrichie, encourageant la coopération et l'exploration collective.

Exemple : Si votre partenaire dit : "J'aimerais que tu me regardes dans les yeux quand je te parle, Georges.", la réponse conforme au principe serait de regarder l'interlocuteur-rice dans les yeux (c'est l'acceptation de la proposition, le "oui"), et de donner une information complémentaire : "Ca fait trop mal de soutenir ton regard, je sais que je ne te reverrai plus." (c'est une précision du contexte, le "et" : on en apprend plus sur pourquoi cette absence de regard dans les yeux, une histoire commence à se créer).

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L'exercice d'impro "Course à la précision" est dédié au travail du "oui, et...".

2- L'écoute active

Les meilleurs improvisteur-rices sont celleux qui écoutent le mieux. Et écouter en impro ne veut pas seulement dire écouter, il s'agit d'être très attentif aux propositions des autres, qu'elles soient conscientes ou inconscientes : le ton de leur voix, le choix de leurs mots, la position de leur corps, leur langage non-verbal... Autant de propositions de jeu qui pourront être saisies si on les perçoit.

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Lorsqu'on parle d'écoute en impro, il ne s'agit pas seulement de faire attention aux mots, mais bien de percevoir tous les signaux des autres joueurs, verbaux et non verbaux.

Ecouter sert premièrement à créer de bonnes histoires. La plupart du temps, plutôt que de chercher un élément à rajouter pour faire avancer l'impro, il faut plutôt exploiter un détail qui a déjà été donné. C'est ainsi que l'impro prend du volume et du sens. Pour le public, l'effet produit est le même que lorsqu'on regarde un film d'enquête et qu'à la fin on se rend compte que chaque détail avait son importance : tout prend sens et c'est très satisfaisant intellectuellement. De la même manière, une bonne impro, c'est une impro où chaque détail est exploité jusqu'au bout.

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Plutôt qu'en rajoutant de nouveaux éléments, c'est en rajoutant du sens aux anciens éléments que l'on n'a pas encore exploités que l'on fait avancer une impro. D'où l'importance de l'écoute.

Ecouter sert aussi à créer une ambiance de jeu agréable pour tous. C'est lorsque que les joueurs-euses sur scène sont très à l'écoute les uns des autres que tout le monde a la place de jouer, et qu'il devient possible de tester des choses nouvelles. Par exemple, si les joueurs et joueuses sont très à l'écoute, ils sont alors capables de choisir de garder longuement le silence sur scène. S'ils manquent d'écoute, il y en aura forcément un qui ne saisira pas que le silence est choisi par les autres, et qui le brisera.

Un beau silence est très intéressant pour le public
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Créer un silence sur scène est ce qu'il y a de plus difficle en terme d'écoute. Il s'agit de saisir, en tant que joueur, que les autres joueurs se taisent volontairement.
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L'exercice parfait pour travailler l'écoute active et respecter le silence : Rien, c'est déjà quelque chose.

3- La relation sur scène avant tout

Il arrive souvent que l'on soit tenté-e-s sur scène de parler de personnes extérieures à la scène (par exemple, on explique à son meilleur ami qu'on s'est disputés avec notre femme), voire même de parler à des personnes extérieures (au téléphone par exemple). C'est une forme de fuite. Cela fait baisser l'intérêt de la scène.

Dans le premier exemple, le sujet important est la dispute, et on ne la voit pas, on en a seulement des échos. Si l'improvisateur-rice a envie de traiter le sujet de la dispute sur scène, plutôt que de parler d'une dispute extérieure à la scène, pourquoi ne pas se disputer avec une personne présente sur scène ? La scène sera tellement plus riche.

Voir une dispute sera toujours plus intéressant pour le public que d'en entendre parler

Dans le deuxième exemple, la personne avec qui l'on échange est imaginaire, et pendant ce temps notre partenaire de jeu est mis de côté. Il serait bien plus riche d'échanger directement avec lui. Raccrochez votre téléphone et ne le décrochez plus !

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Ce qui passionne le plus le public, c'est la relation entre les personnes présentes sur scène. Le public veut voire les relations, pas les imaginer.

4- Qui, quoi, où ?

C'est souvent l'une des premières choses que l'on apprend en impro : définir le qui/quoi/où sur scène.

Le qui : Pour le définir correctement, il faut préciser votre âge, votre genre, votre personnalité, et très important, qui vous êtes par rapport aux autres personnages sur scène avec vous, c'est-à-dire votre relation. Il est souvent conseillé de jouer des personnages qui se connaissent :
Exemple : Vous êtes une jeune femme de 27 ans et vous êtes la petite amie du joueur 2, vous êtes ensemble depuis 1 an.

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Il est souvent conseillé de jouer des personnages qui se connaissent : famille, ami-e-s, voisins, collègues... Les relations sont plus intimes, et elles ont un passé dont vous pouvez vous servir.

Le quoi : C'est l'action que vous êtes en train de faire, et plus généralement l'intrigue qui se joue sur scène.
Exemple : Vous êtes en train de choisir ce que vous ferez pour les prochaines vacances d'été, qui sont dans deux semaines.

Le : C'est le lieu où vous vous situez. Pensez à préciser si c'est un lieu que vous connaissez où non (pour plus de finesse, plutôt que de le dire à l'oral, faites-le comprendre au spectateur dans l'habitude de vos gestes, ou dans votre regard (Sait-il où se poser directement, où cherchez-vous les choses des yeux ?)).
Exemple : Vous êtes dans le canapé avec votre ordinateur portable sur les genoux. Devant vous, il y a une table basse avec un apéritif.

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Le comprend tout le décor et les objets qui se trouvent autour de vous. Plus le décor est précis dans votre esprit, plus vous pourrez interagir avec, et donner sa place à la corporalité dans votre impro.

5- Aller à l'action sans tergiverser

Vous avez certainement déjà vu ce genre d'impro frustrante où les improvisteur-rices tergiversent avant de passer à l'action que le public attend. C'est une forme de fuite. En fait, on fait cela quand on a peur d'être à court d'idée. On n'ose pas réaliser notre idée, on préfère faire durer, parce qu'on ne sait pas ce qu'on fera ensuite. Il faut se débarrasser de cette peur. Arrêter de parler de ce qu'on va faire, mais le faire.

Mauvais exemple : Deux improvisteur-rices se préparent pour un cambriolage. Ils passent plus de temps dans l'impro à parler du fait qu'ils vont faire un cambriolage qu'à cambrioler. "Est-ce que tu as bien pris le matériel ?" "J'ai pas trouvé la clé à molette" "T'es vraiment un imbécile, comme on va faire maintenant !" "Oh ça va ! On va utiliser nos dents." "C'est toi qui t'y colle." "Okai, alors c'est toi qui conduit." "On se gare pas loin.".

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Les improvisteur-rices parlent de ce qu'ils vont faire, au lieu de le faire ! Pour le public, ce n'est pas intéressant. Il veut voir l'action.


Bon exemple : Deux improvisateur-rices cambriolent une maison. Ils sont manifestement devant la porte. L'un farfouille dans son sac pendant que l'autre attend. Celui qui farfouille prend un air paniqué : "J'ai oublié la clé à molette". "Oh non Pierre c'est toujours pareille avec toi ! Ecoute c'est ton problème, tu te démerdes mais on rentre.". Pierre essaye de retirer la poignée avec ses doigts, sans succès. Il utilise alors ses dents et parvient à ouvrir la porte. Ils sont dans la maison.

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La scène se joue devant les yeux du public. Il voit l'action, et vit les choses en direct live. C'est le suspens, on attend la suite de l'action avec impatience !


6- Le corps et l'esprit

Il est de coutume de dire que 70% de la communication est non verbale. Pourtant, la plupart des improvisateur-rices se réfugient dans les mots. Ils parlent. Dans la vie, on est rarement debout sans rien faire à parler à quelqu'un. On est assis dans le canapé, en train de faire la queue, en train de lire un livre à écouter d'une oreille distraite... Faire quelque chose sur scène, physiquement, apporte une richesse à l'impro.

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Quel délice pour le spectateur, que de nous voir faire.

La condition pour cela : ne pas parler de ce que l'on fait, ne pas faire ce dont on parle. Sinon, cela produit l'effet inverse. Au lieu d'apporter deux informations au public, ça devient un peu comme quelqu'un qui se répète.

Mauvais exemple : Claude cuisine. "Hop les oeufs ! Et on fouette, on fouette. Ca va faire une bonne omelette ça." Sa fille attend assise à table, l'air désabusée : "Papa, j'ai faim... C'est prêt quand ?".

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On voit bien que Claude fouette, on voit bien que sa fille attend. On n'a pas besoin qu'ils le disent, cela manque de finesse, et en plus ne nous apporte aucune info.


Bon exemple : Claude cuisine. Il est visiblement en train de casser les oeufs. Puis il les fouette. "Je suis désolé ma puce, je suis rentré tard ce soir.". Sa fille attend assise à table, l'air désabusée : "Tu dis ça comme si c'était exceptionnel. Tu rentres toujours tard papa.".

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Dans cet exemple, le public a plein d'infos : Paul est en train de faire une omlette, sa fille attend de manger. Paul se sent coupable d'être rentré tard, sa fille est blasée de cette situation qui visiblement se répète tous les soirs.

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